Gluck : Orphée et Eurydice

Plongée envoûtante dans les ténèbres et la lumière de l’âme humaine, Orphée et Eurydice de Gluck bouleversa l’Europe des Lumières par sa pureté dramatique et son intensité émotionnelle. Ce chef-d’œuvre visionnaire retrace le mythe d’Orphée, musicien divin prêt à défier la mort pour retrouver son amour perdu. Sa voix seule apaise les Furies, ouvre les portes des Enfers, mais l’amour, mis à l’épreuve par le doute et la douleur, se heurte à un destin implacable.

Dans la version somptueuse revue par Berlioz en 1859, Gluck atteint des sommets de lyrisme et de puissance expressive. Berlioz puise dans les diverses versions de l’œuvre pour offrir une synthèse magistrale, magnifiant chaque souffle de la partition.

Sous la direction ardente de Raphaël Pichon, à la tête de l’Ensemble Pygmalion, cette production embrase la scène de l’Opéra Comique avec une intensité rare. Marianne Crebassa incarne un Orphée bouleversant, porté par une voix à la fois lumineuse et tourmentée, face à Hélène Guilmette, Eurydice déchirante, et Léa Desandre, Amour malicieux et bienveillant.

Dans une mise en scène aussi visuelle que sensorielle signée Aurélien Bory, le mythe devient fresque poétique, oscillant entre rêve et réalité. Images ensorcelantes, espaces mouvants : tout ici célèbre le pouvoir cathartique de la musique et la fragilité de l’amour face au destin.

Un opéra essentiel, traversé par la grâce et la tragédie, où la musique sublime l’âme et fait trembler les dieux eux-mêmes.